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26 OCT 2023

Jean Michel Ng Tseung : « Nous voulons être la banque des transitions pour l’ensemble de nos stakeholders »

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Entretien réalisé par Richard Le Bon, publié dans Business Magazine numéro 1616 – 25 octobre 2023.

Ayant pris les rênes du Groupe MCB en mars dernier, Jean Michel Ng Tseung entend bien mener le bateau amiral à bon port. Fidèle à son histoire et à son identité, le groupe bancaire demeurera le partenaire de confiance de ses clients en protégeant leurs intérêts, en les aidant à se développer et en les accompagnant dans leurs transitions, assure-t-il. Sa vision est de faire de la MCB une banque plus internationale, plus digitale et plus durable, tout en renforçant sa position de leader à Maurice. Il commente, par ailleurs, la performance record du Groupe MCB avec des profits de Rs 14,1 milliards pour l'exercice financier 2022-23.

Vous avez rejoint la division Corporate Banking de la MCB en 2004 avant d'occuper le poste de Chief Executive de la MCB Investment Holding en 2015. Depuis le mois de mars, vous vous retrouvez à la tête de l'un des plus gros groupes bancaires dans la région de l'Afrique subsaharienne. Quelle est votre vision pour le Groupe MCB ?

J'ai pris les rênes du Groupe MCB dans une période post-pandémie marquée par des perturbations exacerbées par le conflit qui se prolonge en Ukraine et l'inflation mondiale galopante. Dans ce contexte d'incertitudes, de réglementations plus exigeantes et de volatilité, la solidité de nos fondations prend toute son importance. Je demeure convaincu que notre business model et nos principes directeurs restent notre boussole pour naviguer et nous adapter à un écosystème changeant. Nous devons puiser dans notre riche histoire, faire preuve d'audace et aussi d'innovation, quand il le faut, afin de rester le partenaire de confiance de nos clients en protégeant leurs intérêts, en les aidant à se développer et en les accompagnant dans leurs transitions.

Ma vision pour le Groupe MCB est d'amorcer les transformations positives nécessaires pour être une banque plus internationale, plus digitale et plus durable, tout en renforçant notre position de leader à Maurice.

Même si nous sommes une banque profondément ancrée dans notre territoire, avec des valeurs, un ADN et des racines fortement mauriciens, nous avons des ambitions grandissantes dans la region et en Afrique. Aujourd'hui, plus de 60 % de nos profits proviennent de nos activités à l'international. Notre ambition est d'accroître notre présence régionale tout en renforçant le centre financier local.

Nous voulons également accélérer notre transformation digitale afin de simplifier l'expérience de nos clients et de nos collaborateurs. Nous souhaitons leur offrir des solutions digitales d'avant-garde qui répondent à leurs besoins changeants.

Enfin, nous voulons accompagner la transition de nos clients vers des solutions plus durables et plus respectueuses de l'environnement. Nous avons fait le choix d'ancrer nos engagements de développement durable au cœur de notre raison d'être, Success Beyond Numbers, afin d'accompagner les transformations positives de nos clients et créer ainsi les fondements d'une prospérité durable pour Maurice et la region.

Vous marchez dans les pas de Pierre Guy Noël, une figure incontournable du Groupe MCB. Comment s'est passée la transition ?

J'ai travaillé avec Pierre Guy Noël depuis 2003, l'année où j'ai accepté sa demande de rejoindre la MCB. Il a été et restera, comme vous l'évoquez, une figure de proue de l'évolution de notre Groupe. Il a permis à la MCB d'entamer des changements stratégiques significatifs dans un contexte d'importantes mutations économiques, tant sur le plan local qu'international. La MCB a connu une progression spectaculaire sous son impulsion, accompagnant également le développement économique de Maurice. Sous son leadership, le Groupe a pu compter sur l'apport précieux de ses employés, tant à Maurice que dans nos filiales étrangères, à savoir, Madagascar, les Seychelles, les Maldives et nos bureaux de représentation à Dubaï, au Kenya et en Afrique du Sud. Nous comptons aujourd'hui pratiquement 4 000 employés au sein du Groupe. Grâce à lui, je suis aujourd'hui à la tête d'un Groupe qui jouit de fondations solides. Pour tout cela, je lui dis un grand merci !

Pour l'exercice financier 2022-23, le Groupe MCB a réalisé une performance record de Rs 14,1 milliards. Quels sont les facteurs qui ont contribué à cette hausse de l'ordre de 46,7 % de la profitabilité ?

En effet, le Groupe MCB a enregistré une excellente performance avec des bénéfices atteignant Rs 14,1 milliards, soit une hausse de 46,7 %. Cette croissance s'explique par l'amélioration de la performance de l'ensemble des activités du Groupe, avec une contribution importante provenant de nos activités internationales, grâce à notre stratégie de diversification.

Il est utile de mentionner que nos profits ont peu progressé entre 2019 et 2022 malgré une augmentation importante de notre fonds de commerce durant cette même période. Cela est dû principalement aux effets de la pandémie ainsi qu'à l'environnement de taux d'intérêt particulièrement bas. Nous voyons enfin, en 2023, un niveau de rentabilité en adéquation avec la progression de notre bilan.

Malgré un environnement économique très volatile, nos revenus d'exploitation ont progressé, affichant une augmentation de 33,3 %. Nos revenus nets d'intérêts ont augmenté de manière notable, avec une hausse de l'ordre de 30,3 %. Cette croissance est due à l'impact positif de la hausse des taux sur notre marge nette d'intérêts en devises étrangères, ainsi qu'à une expansion de notre portefeuille de prêts et de titres de placement, notamment en devises étrangères. En ce qui concerne les revenus hors intérêts, nous avons enregistré une solide croissance de 38,7 % cadrant avec une hausse du volume de transactions. Nos revenus nets de commissions ont maintenu leur progression, notamment soutenus par le financement du commerce régional et les activités de paiement.

Nos revenus ont également été dopés par une croissance solide liée aux opérations de change et par des fair value gains sur les actions que nous détenons, cela suite à une reprise des marchés. Nos coûts opérationnels ont subi une hausse importante de l'ordre de 23,3 %, reflétant nos investissements dans les nouvelles technologies et nos ressources humaines ainsi que les pressions inflationnistes. Toutefois, la forte progression de nos revenus a entraîné une baisse du coefficient d'exploitation, qui se situe maintenant à 35,4 %.

Nous ne pouvons qu'être fiers de cette réussite qui témoigne de l'efficacité de notre stratégie commerciale, de la justesse de notre modèle d'entreprise et de l'engagement remarquable de nos équipes.

Ce qui retient l'attention également, c'est que les profits en provenance de l'étranger représentent actuellement 62 % des résultats du Groupe. Pouvez-vous nous donner plus de détails à ce sujet ainsi que sur le montant de vos actifs ?

Ce pourcentage reflète notre engagement stratégique à élargir notre présence internationale. Nous avons réalisé des avancées considérables dans notre expansion vers des marchés sélectifs et des segments de niche.

Au cours de l'année financière écoulée, nous avons réalisé des progrès encourageants en termes de notre positionnement comme acteur clé en Afrique. Notre expertise, notre marque et notre expérience ont été déterminantes dans la consolidation de relations solides avec les acteurs majeurs de l'industrie pétrolière et gazière en Afrique, tout en soutenant leurs efforts de transition vers des sources d'énergie plus durables.

Parallèlement, nous accompagnons nos clients dans leurs projets d'infrastructure sur des marchés géographiques clés sur le continent. Je parle ici de projets contribuant à la transition vers des sources d'énergie plus propres et l'amélioration du taux d'électrification sur le continent. À titre d'exemple, nous avons agi comme co-arrangeur mandaté principal dans une importante transaction de financement pour l'acquisition de Lekela Power par Infinity Power, ce qui représente la plus importante opération en termes d'énergie renouvelable en Afrique.

Par ailleurs, nous continuons à capitaliser sur le centre financier international de Maurice ainsi que sur notre réseau de banques correspondantes, de partenaires commerciaux et nos hubs régionaux à Paris, Johannesburg, Nairobi et Dubaï afin de consolider notre positionnement dans cet écosystème comprenant les fonds d'investissement, les entreprises multinationales et régionales et les sociétés de gestion, entre autres. Nous sommes également en passe d'ouvrir un nouveau bureau de représentation au Nigeria afin de renforcer notre présence physique en Afrique, compte tenu de notre implication dans le secteur de l'énergie de ce pays et des opportunités commerciales en Afrique de l'Ouest.

Dans le même temps, nous avons consolidé nos relations avec les institutions financières et réalisé d'importants progrès dans nos relations avec les clients High-net-worth et les gestionnaires de patrimoine externes. L'ensemble de ces initiatives a effectivement contribué à une augmentation significative de nos revenus générés par nos activités à l'international.

Notre stratégie de diversification internationale nous a permis de croître nos actifs, qui s'élèvent aujourd'hui à Rs 830 milliards – dont 55 % en devises étrangères – composés principalement de prêts, à hauteur de 42 % et de titres de placement à hauteur de 32 %.

Dans quelle mesure la politique de resserrement monétaire de la Banque de Maurice avec le taux directeur augmentant de 1,85 % à 4,5 % de mars à décembre 2022 a-t-elle contribué à la rentabilité du Groupe MCB ?

La hausse générale des taux d'intérêt à l'étranger nous a été bénéfique, car cela nous a permis d'améliorer notre marge en devises étrangères.

Néanmoins, la politique de resserrement monétaire à Maurice a eu des répercussions négatives sur nos résultats avec une baisse non négligeable de notre marge nette d'intérêt en roupies. Cela s'explique par le fait que l'augmentation du taux directeur entraîne une hausse des taux d'intérêt sur les dépôts menant ainsi à une augmentation des coûts de financement qui n'a pu être totalement absorbée par la majoration des taux d'intérêt sur nos prêts. Avec un fort niveau d'excédent de liquidité comme le témoigne notre « MUR Loan to Deposit » de 46,7 %, la marge nette d'intérêt par rapport à cet excédent de liquidité a été en fort recul, étant donné que les taux d'intérêt sur les bons du Trésor et les obligations d'État ne sont réajustés qu'au moment où ces instruments arrivent à maturité.

Le Budget 2023-24 est venu modifier la fiscalité des banques. Ainsi, les revenus taxables des banques jusqu'à Rs 1,5 milliard sont imposés à 5 %. Alors qu'au-delà des Rs 1,5 milliard, le taux d'imposition est à 15 %. Concrètement, quel est l'effet de cette nouvelle fiscalité sur les résultats du Groupe MCB ?

Comme vous pouvez l'imaginer, la récente modification de la fiscalité des banques, introduite lors du Budget 2023-24, a eu un effet non négligeable sur notre performance financière, impactant les bénéfices nets de notre principale filiale, la MCB Ltd. Compte tenu de la taille et de la rentabilité de la MCB, une grande partie de nos revenus est désormais soumise au taux d'imposition de 15 %, ce qui représente une majoration de 10 % sur tout revenu imposable au-delà du niveau atteint lors de l'année financière de référence, qui est 2016-17. Il est également important de noter que lors du Budget 2023-24, la Special Levy a également été revue à la hausse, passant de 4,5 % à 5,5 %; mesure effective à partir de l'année financière 2023-24. Tous ces changements devraient mener à une augmentation de notre taux d'imposition effectif d'environ 500 points de base.

Aujourd'hui, le Groupe MCB est une institution financière internationale. Cela dit, comment se porte l'activité de Retail Banking qui, il ne faut pas l'oublier, reste le centre névralgique d'une banque nationale comme la MCB ?

L'activité de Retail Banking demeure l'une de nos principales activités. Nous avons consolidé notre position dans ce segment en investissant continuellement dans l'innovation technologique afin d'améliorer l'expérience client, et afin d'offrir des services bancaires de haute qualité. Parallèlement, nous avons amélioré nos offres plus « traditionnelles », à l'instar des prêts immobiliers.

Parmi les avancées notables réalisées, nous avons numérisé et simplifié le processus de demande de crédit immobilier. Cela a permis aux clients de faire une demande en ligne ou en agence, avec une visibilité sur l'état de leur prêt tout au long de sa durée de vie. Nous avons également revu notre offre de prêt non garanti en nous appuyant sur les outils d'intelligence artificielle par rapport à l'analyse des données dans le processus d'approbation et en améliorant le cycle de décaissement, ce qui a conduit à une forte croissance du portefeuille de ces prêts.

Notre application mobile phare, MCB Juice, a aussi franchi un cap important. L'appli, qui a célébré son 10e anniversaire à Maurice cette année, a dépassé les 500 000 abonnés pour atteindre plus de 535 000 utilisateurs à fin août 2023. MCB Juice continue d'évoluer, avec une constante intégration de nouvelles fonctionnalités pour offrir une expérience client encore plus enrichissante. Nous nous engageons à maintenir notre position comme une banque à la pointe de la technologie.

Dans un souci d'amélioration continue de l'expérience client et afin de réduire les temps d'attente, nous avons également lancé des « self-service kiosks » supplémentaires en agence. Ces initiatives nous ont permis de réduire le temps d'attente moyen, renforçant ainsi notre position de partenaire incontournable auprès de nos clients à toutes les étapes de leur parcours.

En tant qu'ancien Head du Corporate Banking, vous avez sûrement été sensible au stress auquel ont été soumis les entrepreneurs. Nombre d'entre eux affirment que pendant la crise, ils n'ont pas été soutenus comme il le fallait par les banques. Aujourd’hui, en cette période de reprise économique, est-ce que les banques sont dans une meilleure position pour accompagner plus de manière proactive l'économie réelle ?

Je suis pleinement conscient que cette crise sans précédent a été très difficile pour tous nos clients, en particulier les entrepreneurs. Pendant la crise, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les autorités pour mettre en place un certain nombre de mesures de soutien, telles que l'instauration de moratoires, de facilités de fonds de roulement et les restructurations de prêts. Notre objectif était d'aider nos clients à surmonter leurs difficultés. Nous avons aussi mis à leur disposition des solutions sécurisées et pratiques à travers nos canaux digitaux afin de répondre à leurs besoins bancaires quotidiens, ce, depuis leurs domiciles. Cette transition vers le numérique a été essentielle pour assurer la continuité de nos services.

Aujourd'hui, nous continuons à renforcer notre proximité avec nos clients. Nous avons élaboré des solutions adaptées pour chaque étape du processus de reprise, allant de l'accès au financement à des conseils stratégiques pour la croissance. Nous maintenons notre engagement envers nos clients et œuvrons à fournir un service exceptionnel pour les soutenir dans leur ambition de développement.

En tant que banque responsable, nous continuerons à accompagner le développement économique de Maurice. Nous continuerons aussi à soutenir la modernisation des piliers économiques du pays ainsi que la création de nouveaux secteurs, avec un accent sur les énergies renouvelables et l'économie circulaire afin d'aider la transition de Maurice vers une économie bas-carbone ainsi qu'une société cash-lite.

Parlant de soutien aux particuliers et aux entreprises, ne pensez-vous pas qu'il est temps pour les banques de revoir leurs frais et commissions ?

Une précision importante est de mise. Les frais et commissions que nous imposons sont essentiels pour soutenir nos opérations et maintenir la qualité des services que nous offrons à nos clients, qu'ils soient particuliers ou entreprises. Les banques sont des entreprises avec des coûts considérables, qui investissent énormément, notamment dans la technologie et les ressources humaines. Elles doivent assurer la gestion adéquate des comptes, la sécurité et la fluidité des transactions, la conformité réglementaire et un cadre solide de gestion de risque, entre autres.

Dans cette optique, les frais et commissions constituent une source de revenus nécessaire pour faire face à ces coûts et poursuivre l'investissement dans l'amélioration de nos services. Ceci étant dit, nous sommes également conscients de l'importance de la transparence et de l'équité envers nos clients. C'est la raison pour laquelle nous nous efforçons d'améliorer notre efficience opérationnelle et examinons régulièrement nos politiques de frais et commissions.

Notre objectif étant d'être conforme aux réglementations en vigueur et aussi en phase avec les besoins et les attentes de nos clients. Notre but ultime est, en effet, de leur offrir des solutions financières avantageuses et transparentes tout en veillant à maintenir notre viabilité financière.

La transition écologique et le localisme marchent de pair. La volonté du Groupe MCB est d'encourager cette synergie. Pouvez-vous revenir sur les initiatives fortes adoptées par la MCB pour accélérer la transition écologique ?

La transition écologique est un des défis majeurs de notre époque et reste une urgence absolue pour les petits États insulaires comme Maurice. Pour y répondre, le Groupe MCB a décidé de se mobiliser fortement depuis plusieurs années en accompagnant cette transition vers une économie bas-carbone tout en veillant à l'équilibre des besoins sociaux et économiques de la société. Nous avons, à ce titre, déployé depuis 2018, une série d'initiatives pour encourager la transition écologique de notre pays.

Nous avons, dans un premier temps, travaillé sur notre impact direct et essayé de minimiser notre empreinte dans nos opérations. Nous avons également voulu mobiliser, sensibiliser et inspirer nos clients à travers la publication d'une série de rapports et de conférences, à l'instar de Lokal is Beautiful ou Klima, qui tentent de faire la lumière sur les leviers à activer pour créer une prospérité plus durable pour Maurice. Nous avons récemment également lancé le Deba Klima, en partenariat avec le Rajiv Gandhi Science Centre (RGSC) pour sensibiliser les élèves aux enjeux du changement climatique. Enfin, et surtout, nous accompagnons nos clients dans leurs enjeux de transition en mettant en œuvre des produits et services spécifiques pour financer leur transition vers une économie bas-carbone.

À ce titre, nous avons été partenaire de l'Agence Française de Développement (AFD) dans l'octroi de prêts verts de la ligne de crédit SUNREF, et ce, depuis le début de cette initiative à Maurice, soit depuis 2008.

Forts de cette solide expérience, nous avons lancé, en février dernier, le Sustainable Loan, une offre de financement visant à accompagner les entreprises locales dans leurs projets de transition. Une enveloppe de Rs 10 milliards est disponible pour ce plan de financement qui est assorti d'un taux préférentiel, d'une période de remboursement allant jusqu'à 15 ans et d'un accompagnement sur mesure, entre autres.

Nous avons aussi lancé, sur une base pilote, la Sustainable Supply Chain Finance avec CIEL Textile cette année. Cette solution de financement vise à permettre aux entreprises d'optimiser leur fonds de roulement en accélérant les flux de trésorerie. Pour obtenir ce financement, CIEL Textile s'est conformée à des règles très strictes en matière de provenance des matières premières, d'impact sur l'environnement ou encore de droits humains, entre autres. Les entreprises éligibles peuvent bénéficier, en outre, de l'expertise de la MCB en matière d'analyse des risques et de structuration, et de profiter de nos solutions structurées à un taux préférentiel.

Afin d'encourager les PME ayant des business models vertueux, durables et inclusifs, nous avons également lancé le Lokal is Beautiful Scheme, un financement avantageux pour les entrepreneurs à impact positif pour Maurice. Et, en 2021, alors que les chaînes d'approvisionnement étaient fragiles et les débouchés incertains, nous avons voulu aider les entrepreneurs à repenser leurs activités et à envisager les sauts productifs nécessaires en publiant le rapport Lokal Rebound, qui donnait les pistes de réflexion aux entrepreneurs désireux de proposer des alternatives de production locales. Nous avons, en parallèle, formé nos employés afin qu'ils soient en mesure de mieux aborder ces questions dans leur processus opérationnel.

À quelques semaines de la tenue de la COP28 et alors que l'on voit les ravages provoqués par des catastrophes naturelles comme les récentes inondations en Lybie, quel message le Groupe MCB souhaite-t-il faire passer par rapport à la nécessité pour les agents économiques d'accélérer le processus de verdissement de l'économie ?

Je souhaite commencer par dissiper l’idée qu'il faut opposer développement économique et développement durable. À la MCB, nous avons fait le choix de positionner l'ESG comme un levier de croissance pour le Groupe. Nous croyons fermement que la prospérité future de nos activités dépend de la manière dont nous abordons les défis environnementaux et sociétaux d'aujourd'hui.

Le verdissement de l'économie n'est plus simplement une responsabilité morale, mais également une opportunité économique. Les entreprises qui adoptent une approche proactive en matière de durabilité seront mieux préparées pour réussir dans l'économie de demain.

Il faut rappeler également que les pays de la région où nous opérons, que ce soit Maurice, les Seychelles, les Maldives ou encore divers pays d'Afrique continentale sont particulièrement vulnérables aux conséquences du changement climatique. Tout cela pose le sujet de la transition juste et de la mise en place du Loss and damage fund qui sera discuté lors de la COP28 à la fin de l'année.

Pour faire entendre la voix de l'Afrique à la table des discussions et aider les États de la région à financer leur transition, il faut que tous les acteurs se mobilisent.

Le secteur financier est appelé à prendre une place centrale dans ce genre de financement et, à ce titre, la MCB veut jouer un rôle majeur d'accompagnement et de soutien d'une transition juste et inclusive non seulement pour Maurice, mais aussi pour la région.

L'intelligence artificielle se déploie à un rythme accéléré. Elle présente à la fois des risques et des opportunités. Au niveau du Groupe MCB, est-ce que vous comptez réadapter votre Digital Transformation Programme dont l'objectif est surtout d'améliorer l'expérience client en utilisant les nouvelles technologies ?

Comme je l'ai déjà souligné, la MCB se positionne comme une institution financière à la pointe de la technologie et l'intelligence artificielle (IA) est aujourd'hui un élément incontournable, avec une importance grandissante. Afin de rester compétitifs et surtout d'améliorer nos processus en interne et l'expérience de nos clients, nous avons déjà intégré l'utilisation de chatbots et de Robotic Process Automation (RPA). L’adoption de la RPA a eu des avantages probants pour nos opérations au quotidien : les coûts ont été réduits de même que les erreurs dues aux manipulations humaines. Nos opérations s'en sont trouvées fluidifiées et nos employés ont été en mesure de se focaliser sur des tâches à plus haute valeur ajoutée.

Les avantages sont aussi palpables pour nos clients. Nous avons, par exemple, développé un système de credit-scoring basé sur l'lA qui nous permet de mieux jauger les risques lors des applications pour les prêts. De même, nous avons mis en place un système de Next Best Offer qui analyse notamment les habitudes et préférences de nos clients. Ces deux outils nous permettent d'être non seulement efficients, mais aussi proactifs dans nos prises de décisions, nous permettant ainsi d'offrir à nos clients des services améliorés.

Comment est-ce que vous vous préparez à l'introduction de la roupie numérique, qui sera introduite par la Banque de Maurice d'ici à la fin de l'année, et comment se passeront concrètement les transactions ?

À l'instar d'autres banques centrales dans le monde, la Banque de Maurice veut introduire une roupie numérique destinée au grand public. Avec d'autres banques commerciales, nous avons échangé avec la Banque centrale à ce sujet, discutant des objectifs et de l'usage potentiel de cette monnaie numérique.

Le projet de roupie numérique semble avoir progressé, un document de consultation ayant été diffusé à ce propos auprès du grand public en juin. La Banque centrale est désormais à l'étape d'expérimentation et devrait passer à une phase pilote auprès des banques avec un Proof of Concept technique d'ici novembre prochain.

Nous attendons de voir les retombées de cet exercice pour pouvoir véritablement évaluer les implications de l'introduction de cette monnaie numérique sur nos opérations et prendre les dispositions nécessaires. Il est prévu que la Digital Rupee sera non rémunérée, avec un modèle de distribution à travers les banques commerciales, qui assurera qu'il n'y ait pas de désintermédiation bancaire.

Parlons économie. La Banque de Maurice a revu ses prévisions de croissance, tablant sur une performance dans la fourchette de 6,5 % à 7,5 % du PIB pour 2023. Prévisions réalistes ou optimistes ?

L'économie mauricienne poursuit, en effet, sa reprise post-Covid, tirée notamment par la bonne performance du tourisme, de la construction ainsi que des services financiers. Cela devrait impacter positivement la croissance du PIB cette année.

D'autres facteurs sont cependant à prendre en compte, notamment la vitesse d'implémentation des projets de construction ainsi que les conditions économiques dans nos principaux marchés qui ne sont guère favorables. D'ailleurs, Statistics Mauritius prévoit dans sa dernière édition des comptes nationaux une contraction des activités des entreprises manufacturières orientées vers les exportations cette année, notamment l'industrie du textile. Par ailleurs, bien qu'elle ait amorcé une tendance baissière ces derniers mois, l'inflation demeure élevée, alors que l'impact du nouveau conflit israélo-palestinien sur les prix des matières premières à l'international devra être suivi de près.

L'Afrique se retrouve au cœur des débats lors des forums internationaux. Le continent est autant convoité par les pays occidentaux que par les pays d'Asie et du Moyen-Orient. En tant que banque régionale ayant une forte présence dans une dizaine de pays, comment le Groupe MCB compte-t-il être partie prenante des projets qui se feront sur le continent ?

Bien que le contexte opérationnel mondial demeure toujours difficile, nous croyons fermement au potentiel de l'Afrique. En tant que leading investment-grade bank dans le secteur des services financiers de la région, nous avons pour ambition de jouer un rôle plus important dans le développement de l'Afrique. Nous voulons faciliter les flux d'investissements et de commerce à travers les corridors vers et à l'intérieur du continent, en tirant parti des atouts du centre financier international de Maurice.

Nous allons poursuivre notre collaboration et notre soutien aux économies africaines en finançant le secteur du pétrole et du gaz tout en les accompagnant dans leur transition progressive vers des énergies plus durables. Nous sommes, en effet, conscients que ces pays dépendent encore fortement de sources d'énergie traditionnelles pour leur développement et que la transition vers des sources plus propres prendra probablement du temps et nécessitera d'importants investissements.

Nous avons également été actifs, et continuerons à l'être, dans le financement de projets d'infrastructure, avec un engagement à faire la différence dans le paysage énergétique africain, notamment dans le domaine de la fabrication d'électricité, en favorisant le recours aux énergies renouvelables.

Nous souhaitons aussi nous positionner davantage comme le partenaire bancaire privilégié pour les fonds d'investissement et les entreprises multinationales qui ont un intérêt pour le continent africain tout en continuant à promouvoir le centre financier international de Maurice.

Au-delà du financement, nous avons l'ambition de devenir une banque transactionnelle de renom en offrant des produits et services adaptés pour faciliter le commerce et les paiements, ainsi que des solutions de gestion des risques, de trésorerie, et de couverture sur les multiples devises à travers le continent africain.

Par ailleurs, la prise en compte des enjeux environnementaux sociaux et de gouvernance (ESG) est un élément fondamental et déterminant dans nos engagements, que ce soit localement ou à l'international. Ainsi, la MCB a intégré l'accompagnement du développement durable dans sa stratégie, illustrée par notre raison d'être Success Beyond Numbers.

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