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Les Reel Girls de David Constantin

David Constantin, cinéaste aguerri, réalisateur et scénariste mauricien, est une figure emblématique du paysage audiovisuel de l’île. Président et fondateur de l’association Porteur d’images, il a été, ces dernière années, derrière une multitudes d’initiatives visant à structurer et à enrichir la production cinématographique locale. Son dernier engagement en date a été la résidence d’écriture documentaire « Reel Girls 2025 », qui bénéficiait du soutien de la MCB.

Du 14 au 20 avril, à Port Chambly, six jeunes femmes, âgées de 18 à 25 ans, ont en effet eu l’opportunité de s’immerger dans le processus créatif du documentaire. “Les filles sont arrivées sans trop savoir où elles mettaient les pieds, mais elles étaient super enthousiastes. L’idée, maintenant c’est de les accompagner au-delà de cette première étape, jusqu’à la concrétisation de leur projet”, confie David Constantin. Cette initiative, audacieuse et nécessaire, révèle l’ambition de Porteur d’images de faire éclore de nouvelles voix pour éventuellement documenter la richesse de la réalité mauricienne.
Une résidence d’écriture documentaire est bien plus qu’un simple atelier. C’est un espace privilégié où l’on essaie de transformer une idée brute de départ en un projet structuré. David Constantin l’explique avec clarté : on peut avoir l’envie de réaliser un documentaire sur un restaurateur, par exemple, mais la question fondamentale est de savoir quel angle adopter. “Il faut définir l’approche du documentaire.” S’agit-il de suivre son quotidien, de s’intéresser à sa recette, à son histoire familiale, à son approche clientèle ou à son modèle économique ?

David Constantin
L’essence de la résidence tient dans la quête de cette connexion intime entre le réalisateur et son sujet. “Qu’est-ce qui a fait écho en toi ? Qu’est-ce que ça t’a inspiré ? Qu’est-ce que ce sujet, cette personne éveille en toi ? Répondre à ça, c’est trouver le fil qui te relie à ton documentaire et qui te donnera l’orientation de ce que tu veux faire.” C’est un cheminement introspectif qui permet de donner sens et direction à la démarche créative.
Le documentaire se distingue de la fiction par une approche fondamentalement différente. “En fiction, tu écris ce que tu veux raconter. Ce qui n’est pas le cas en documentaire. Il y a une phase de recherches essentielle”, souligne le réalisateur. Celle-ci n’est pas seulement factuelle ; c’est aussi une exploration profonde des motivations et des liens qui doivent unir l’aspirant réalisateur à son sujet. L’équipe de Porteur d’images accompagne les participantes dans ce processus d’investigation : “Nous, on est là pour les aider à se poser les bonnes questions, à aller chercher le fondement même de leur projet : Quelle stratégie de réalisation il faut mettre en place ? Est-ce que ça va être raconté à la première personne ? Notre rôle est de les aider à avoir un dossier écrit solide, qui tient la route, ce qui les aidera, ensuite, à chercher des financements…”
Bien que la phase d’écriture était au cœur de la résidence, la finalité demeure la création d’images. Conscients de cette réalité, les organisateurs ont intégré une dimension pratique essentielle. Les jeunes femmes ont eu l’opportunité de réaliser des repérages filmés sur une journée. Chacune est repartie avec ce que David Constantin appelle un “film exquise”, une courte séquence, un essai d’images. “C’est loin d’être un film encore, mais ça permet, de là, de donner un sens à ce qu’elles veulent faire.” Ces premières incursions dans le monde de l’image sont cruciales pour visualiser le projet et affiner l’intention artistique.
Tous les projets issus de la résidence « Reel Girls 2025 » ont un point commun : ils explorent la réalité mauricienne. Ce choix n’est pas anodin, il répond à un besoin criant. “Maurice est très mal documentée en termes d’images. On a peu de documentaires sur la réalité mauricienne, sur la vie quotidienne des gens. On voulait creuser en profondeur, voir de quoi la société mauricienne est faite” explique le cinéaste.
Cette lacune n’est pas nouvelle. Le premier atelier de l’association, intitulé “Notre histoire n’a pas d’image”, pointait déjà ce manque. “Si l’on souhaite réaliser un film sur l’île Maurice des années 40, les images font malheureusement cruellement défaut”, regrette David Constantin, qui poursuit. “Avec l’association, on essaie d’apporter notre petite pierre à l’édifice en commençant à documenter Maurice… En 2100, nos successeurs pourront au moins travailler à partir d’une petite base de données, très parcellaire certes, mais essentielle” Porteur d’images a poursuivi cet effort chaque année, jusqu’à ce que la pandémie brise cet élan. Reconstruire cette base de données visuelle de l’histoire et du quotidien mauricien est un engagement de longue haleine pour l’association.
Le choix de dédier cette résidence exclusivement aux jeunes femmes n’est pas anodin. Il s’agit d’une démarche délibérée pour “rétablir une certaine forme d’équité.” Pour David Constantin, “faire émerger des voix féminines dans le milieu du cinéma à Maurice est une priorité.” Il souligne l’absence quasi totale de réalisatrices mauriciennes, à l’exception de Kim Yip Tong dans l’animation. “À croire qu’elles n’ont pas leur voix et leur place.” Cette résidence vise à combler ce vide et à offrir aux femmes mauriciennes une plateforme pour s’exprimer.
Il précise que la créativité n’est pas l’apanage d’un genre, mais que “leur regard est différent. Elles ont des sensibilités, des vécus et des réalités différentes qui font que l’histoire qu’elles vont raconter sera totalement différente que pour les garçons.” De plus, l’environnement entre filles favorise une parole libérée, permettant d’aborder des sujets plus intimes, notamment “qu’est-ce que c’est que d’être une jeune fille à l’île Maurice en 2025.”
Le nom “Reel Girls” a suscité une certaine interrogation. Le terme “reel” étant aujourd’hui fortement associé aux courtes vidéos virales des réseaux sociaux. David Constantin en rit volontiers : “Justement, notre positionnement marketing n’est pas bon du tout. Reel, en fait, c’est la bobine de film. Mais c’est effectivement aujourd’hui très connoté aux petites séquences vidéo qui font le buzz sur Facebook, TikTok ou Instagram. On est à l’opposé de ça.” Cette confusion prête à sourire, mais elle met en lumière un enjeu de communication.
L’association Porteur d’images, malgré ses ambitions, doit faire face aux réalités d’une petite structure. “ On est donc obligé de parer au plus presser, se contenter des priorités.” Cette fragilité est inhérente à de nombreuses associations. “L’idée et la passion ne suffisent pas. Il faut des ressources derrière. Humaines, financières...” La lassitude peut parfois s’installer, face au sentiment d’être incompris et peu aidé par les fonds publics. “Heureusement qu’il y a le secteur privé, avec qui on a tissé quinze ans de relations.”
L’idée initiale de l’association, très ambitieuse, était de dynamiser la création cinématographique locale et de porter l’image créative sur la place publique. La question de la définition du cinéma mauricien est complexe. Il ne suffit pas qu’un réalisateur soit mauricien. Cela implique surtout “un regard mauricien, une façon mauricienne de faire des films.” Le rôle de Porteur d’images est de faire émerger des profils capables de porter des projets de qualité et de créer une émulation propice à l’épanouissement d’une véritable identité cinématographique mauricienne.
L’activité phare de l’association, de 2007 à 2019, a été le festival de courts métrages Île Court. Un événement qui a connu un succès grandissant. “On a été sur une pente ascendante, ça a bien marché, mais après il y a eu le Covid. Boum. Tout est retombé !” Mais l’engagement de David Constantin et de Porteur d’images pour le cinéma mauricien reste intact, comme en témoigne l’initiative “Reel Girls 2025”.
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